Il est assez évident que, dans le cadre d’une fiction, les personnages sont fictifs. Ils peuvent être, bien entendu, inspirés de personnages de notre vie, ou de la vie réelle, mais cela doit rester avant tout une inspiration (quelques traits physiques, des traits de personnalité ou encore un métier).
Il faut donc bien faire attention à ce que les personnages créés ne soient pas trop proches de leurs inspirations respectives.
Mais qu’en est-il des écrits tels que les témoignages et les autobiographies ? Eh bien cela va tout simplement dépendre du contenu, et des personnes citées puisque celles-ci sont bien réelles.
Les faits objectifs
S’il s’agit de relater des faits objectifs, cela ne pose pas de problèmes particuliers, il faut cependant que les personnes mentionnées donnent leur accord (si elles sont toujours en vie).
Exemple : Ma mère Mariette était une boulangère ordinaire qui n’était pas réellement connue pour son bon pain ou l’accueil bienfaisant qu’elle réservait à sa clientèle. Elle était coincée dans un mariage sans amour, sûrement était-elle restée dans cette vie morne et triste pour ses enfants.
Si Mariette n’est pas d’accord avec le portrait qui est dépeint d’elle, il faudra changer le texte en :
Ma mère Mariette, une femme de devoir qui se consacrait à ses enfants, tenait une petite boulangerie de village.
Vous l’aurez compris, tout est dans la mesure. Mariette était objectivement une mère dévouée et une boulangère, mais subjectivement, elle était désagréable et malheureuse.
Des faits perçus différemment d’une personne à l’autre
Il est très important de se souvenir que les faits et le ressenti de chacun sont ce qui forge notre histoire, notre vécu. Ils peuvent donc différer d’une personne à l’autre.
Exemple : Point de vue de Sophie : Je conserve de très mauvais souvenirs d’Alexandre, cette brute épaisse qui ne perdait jamais une minute pour me martyriser, je n’ai jamais su pourquoi, mais je ne me rendais pas compte à l’époque qu’il était amoureux de moi. Avec le recul, je me dis qu’après tout, c’est ce que font tous les garçons quand ils aiment une fille, n’est-ce pas ?
Point de vue d’Alexandre : Les Dupont étaient réputés pour être snobs et imbus de leur personne.. Peut-être n’ai-je jamais réellement connu Sophie, à mon sens et au travers de mes yeux d’enfant, elle était aussi hautaine et vaine que le reste de sa famille. Était-ce mon impression ou celle d’un enfant formaté par les dires de ses parents ? Je ne saurai jamais. Mais ces airs de princesse déclenchaient en moi l’irrépressible envie de percer son insoutenable bulle de condescendance.
Il en va de même pour des frères et sœurs :
- Point de vue d’Amélie : Corinne a toujours été la favorite, la perfection même, radieuse, calme et scolaire. Quant à moi, j’étais la souillonne, rien ne me faisait plus plaisir que de sauter dans la boue et d’écrire sur les murs. Parfois, je me dis que ma vie aurait été très différente si mes parents avaient pu m’admirer comme ils admiraient Corinne.
- Point de vue de Corinne : Je me suis toujours sentie prise au piège. Empêtrée dans un carcan de perfection constante imposé par mes parents. Je ne quitterai jamais ce modèle, ancré en moi depuis ma tendre enfance. La recherche, non, le besoin d’approbation. Comme j’envie Amélie, d’avoir pu se découvrir, se développer sans avoir à correspondre aux critères imposés par autrui. Comme j’envie sa liberté.
Les exemples donnés sont parfaitement anodins, nous savons tous qu’il existe des histoires et des témoignages bien plus concrets, mais je souhaitais rester sur un ton plutôt léger.
Donc, que ce soit Sophie et Alexandre, ou Corinne et Amélie, ils n’ont pas du tout la même perception, donc leurs souvenirs diffèrent, nous ne pouvons plus parler de faits mais seulement de ressenti.
Qu’en est-il d’un témoignage impliquant un jugement ?
Même si les soucis de perception peuvent demeurer, lorsqu’un jugement a été rendu, et que l’une des parties a été reconnue coupable (inceste, viol, violences, etc.) le jugement tranche en ce qui concerne les faits. Les victimes sont donc plus libres de raconter leurs histoires sans changer les noms.
Notre conseil :
Si le texte reste parfaitement objectif (taille, métier, sexe, âge, etc.) et que les personnes citées sont d’accord, alors vous pouvez conserver les noms.
Conseil supplémentaire : Avoir un écrit de ces personnes vous autorisant à utiliser leurs noms est à prévoir.
Autrement : Pour éviter tout problème, changez les noms. Quelle que soit la situation, modifiez les lieux et les noms. Même si vous êtes en droit de les utiliser, il faut penser aux répercussions, pas uniquement juridiques. Avez-vous envie que la personne citée puisse revenir dans votre vie en se servant de votre écrit comme d’une nouvelle porte d’entrée ? Probablement pas.
Souvenez-vous, les personnes qui vous aiment et vous soutiennent se reconnaitront, même avec leur nom modifié, mais vous serez plus protégés de celles et ceux qui impactent votre vie de manière négative.
Au plaisir de vous lire,
Les 3 Colonnes